Figure de l'Église libanaise, le cardinal, qui a laissé une empreinte profonde dans l'histoire du pays, s'est éteint ce dimanche à presque 99 ans.
Vatican News – 12 Mai 2019
Le cardinal Nasrallah Boutros Sfeir s'est éteint dimanche matin à Beyrouth, quelques jours avant de fêter son 99 ème anniversaire. L'Église maronite libanaise perd une figure majeure de son histoire et de l'histoire du Liban. Le cardinal Sfeir fut élu en 1986 à la tête du patriarcat d'Antioche des maronites, devenant ainsi le 76 ème chef spirituel de cette Église d'Orient. Il exerça sa charge durant ving-cinq ans, jusqu'en 2011, année où fut élu son successeur Béchara Raï.
Né le 15 mai 1920 à Rayfoun, au Mont-Liban, il fut ordonné prêtre en 1950 après des études suivies notamment au séminaire majeur de l'Université Saint-Joseph de Beyrouth. Il fut ensuite professeur de littérature et de philosophie arabe et de traduction au collège des Maristes de Jounieh, avant d'être élu en 1961 évêque titulaire de Tarse des maronites et vicaire général pour le patriarcat d'Antioche.
Élu à la tête du patriarcat en 1986, alors que le Liban est déchiré par la guerre civile, il sera par ailleurs président de la Conférence épiscopale libanaise ainsi que président du Conseil des Patriarches d'Orient. À ce titre, il sera notamment président délégué du synode spécial des évêques sur le Moyen-Orient convoqué à Rome par le pape Benoît XVI en octobre 2010. Saint Jean-Paul II l'élève au rang de cardinal lors du consistoire du 26 novembre 1994.
Les prières du Pape François
Interpellé par Vatican News, le directeur par intérim de la salle de presse du Saint-Siège Alessandro Gisotti a expliqué que le Pape François avait été informé de la mort du patriarche Sfeir. «Le Pape l'assure de ses prières, ainsi que tous ceux qui lui sont chers et l'ensemble de l'Église maronite», a-t-il déclaré.
La mort du cardinal Sfeir a provoqué une vive émotion au Liban. Le cardinal Bechara Raï, actuel patriarche de l'Église maronite, a demandé que toutes les églises libanaises sonnent le glas à dix heures ce dimanche matin et à prier pour l'âme de son prédécesseur. "Le Liban pleure le patriarche de la souveraineté et de l'indépendance", titre le grand quotidien francophone l'Orient le Jour sur son site, rappelant que le patriarche Sfeir fut une figure majeure de la vie politique et religieuse du pays du Cèdre, élevant notamment la voix pour libérer le Liban de la tutelle syrienne.
Un artisan de la réconciliation
Le cardinal Sfeir fut aussi un artisan de paix à l'heure où son pays était le théatre d'une meurtrière guerre civile, apportant notamment son soutien aux accords de Taëf en 1989 qui ont mis fin au conflit. Il fut aussi très engagé dans la réconciliation entre Chrétiens et Druzes au Mont Liban en 2001.
Le président libanais Michel Aoun a affirmé que le patriarche Sfeir avait été «un des patriarches les plus importants du Liban, qui a laissé une empreinte lumineuse sur le pays». Parmi les nombreux hommages également on peut relever celui du mufti de la république, qui a salué dans le patriarche défunt «un exemple de justice, d'ouverture, de dialogue, de charité et de vivre-ensemble pour les musulmans et les chrétiens». Pour le cheikh Abdellatif Deriane, le cardinal Sfeir «défendait les causes de tous les Libanais, sans faire de différence».
Ses obsèques seront célébrées jeudi 16 mai à 17 heures à Bkerké, siège du patriarcat maronite.